On dit qu'il faut tuer l'image du père

 

Mais, moi, je l’aime mon papa. j’aime son image. Elle m’a faite libre.

Le respect et l’affection ont été deux des principaux éléments de notre relation. Il n’a jamais pensé que j’étais parfaite, et la réciproque nous a permis d’apprendre l’un de l’autre. Cela dit, longtemps, il était resté sur le piédestal du père-enseignant. Puis j’ai rencontré d’autres papas, tous, en apparence très différents de lui: un audois ayant vécu au Brésil, un Breton, un Audomarois,un Sétois, un Corse de Metz. Différents en apparence mais tellement semblables dans leur coeur. Des papas très amoureux des mamans de leurs enfants. Des papas, très respectueux de leurs enfants, des papas à l’écoute. Des papas dont les oreilles accueillaient avec bienveillance et gentillesse la voix de l’adolescente que j’étais, de la jeune femme que je devenais, de la femme que je suis. Et qui y répondaient d’une voix dont j’entends encore les mots. Mes papas m’ont entendue, écoutée et encouragée. ça fait tout, ou au moins beaucoup!

Je pense en particulier à mon papa Nigérian dont je connaissais le son des baguettes depuis si longtemps quand la vie m’a enfin donné l’occasion de le rencontrer et de me faire adopter.

Julien Raulet, le frère que Mère musique m’a donné alors que je recherchais ma famille peut en témoigner.

Baba Tony Allen, tu m’as vue grandir. Quand je t’ai rencontré, j’étais un tronc avec de frêles branches, de tendres feuilles et pensais n’être qu’une tige. Je m’étais baladée dans la soul électronique, dans le reggae, dans le funk….à la recherche, inconsciente, de ma famille. tu as reconnu des racines longues et nombreuses. Tu m’as confortée dans le rôle que Julien m’avait déjà proposé.

Il a eu beau me le dire, me le signifier, accepter, à deux occasions de jouer le rôle de tuteur pour la jeune plante que j’étais, je ne l’entendais pas vraiment.

Son départ soudain a laissé un vide encore plus grand que celui que j’aurais imaginé. Un vide dont je ne savais que faire si ce n’est de le remplir de larmes. Puis, je me souvins, de sa bienveillance, de son soutien permanent, de sa confiance et compris que ce vide ne pourrait être comblé qu’avec ce qu’il avait reconnu en moi: l’esprit de la musique.

Rest in Power, Baba Tony Allen